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Neuromarketing Tourisme : comment nos émotions influencent nos choix de voyage

Imaginez la scène : vous êtes affalé sur votre canapé, smartphone en main.
Vous scrollez. Encore. Encore.

👉 Une plage turquoise.
👉 Un coucher de soleil flamboyant à Bali.
👉 Un chalet enneigé.
👉 Une cabane perchée dans les arbres.

(Rayez les mentions inutiles selon votre humeur du jour 😉).

Et puis soudain, ça bascule : un soupir, une étincelle, un clic… et vous voilà en train de réserver un vol.

Mais pourquoi CE voyage-là, à CE moment-là ? Pourquoi pas une pause “chat mignon” ou “TikTok rigolo” de plus ?

Réponse : parce que votre cerveau avait déjà enclenché le processus bien avant que vous n’ayez eu le temps d’y penser.

Oui, votre cerveau est ce marionnettiste invisible qui tire les ficelles de vos envies d’évasion.

Et c’est exactement ce que le neuromarketing révèle : ces mécanismes invisibles qui guident vos choix… parfois à votre insu.

Ce que les neurosciences nous apprennent

Le neuromarketing, c’est la rencontre entre la science du cerveau et le marketing.

Il étudie comment nos réactions — conscientes et surtout inconscientes — influencent nos décisions d’achat.

Les chercheurs utilisent des outils dignes de la science-fiction :

  • IRMf (imagerie cérébrale)

  • EEG (électroencéphalogramme : mesure des ondes cérébrales)

  • Eye-tracking (ce que vos yeux fixent en premier)

  • Codage facial (micro-expressions)

  • Variations physiologiques (rythme cardiaque, dilatation des pupilles, transpiration des mains, etc.)

Tout cela pour comprendre ce qui capte notre attention, déclenche une émotion et pousse à l’action.

4 clés que votre cerveau trahit en voyage

1. Conscient vs inconscient

👉 95 % de nos décisions sont inconscientes.
Les images, les couleurs, les sons activent nos émotions avant même que notre cortex rationnel n’entre en jeu. (Source : Harvard Division of Continuing Education)

2. Attention & émotion = la porte d’entrée

Une étude coréenne relayée par Taylor & Francis Online l’a montré :

  • d’abord, nos yeux s’accrochent au paysage extérieur (vue, nature, lumière), ce qui va déclencher l’envie,
  • ensuite seulement, on regarde le prix et les infos pratiques.

Moralité : une immersion visuelle forte + une info claire et rassurante = combo gagnant.

3. Le pouvoir du storytelling

“Imaginez vos pieds nus dans le sable chaud, le bruit des vagues, l’odeur salée de l’océan…”
Votre cerveau y croit déjà.

Le récit active vos souvenirs et vous projette dans l’expérience, d’où l’efficacité des vidéos immersives et des histoires authentiques.

4. Les petits détails comptent (beaucoup)

Couleur du bouton Réserver, bruit de vagues en fond, témoignages avec photos de visages heureux…

Tous ces micro-stimuli guident vos émotions et donc : vos choix.

Mini expérience : votre cerveau en vacances

  1. Impact visuel → vous voyez une plage au lever du soleil : votre cœur s’emballe déjà.

  2. Storytelling → une voix vous décrit l’expérience sensorielle : votre mémoire s’active.

  3. Signaux de confiance → notes, avis, sourires : “Si c’est bon pour eux, ça doit l’être pour moi.”

  4. Impulsion → “Plus que 2 chambres disponibles !” = dopamine et clic sur “Réserver”.

    Voilà comment, en 4 étapes, votre cerveau vient de vous envoyer en vacances !

Ce que disent les recherches récentes

  • Un film peut marquer votre cerveau : après avoir vu In Bruges, les spectateurs réagissaient plus fort aux images de Bruges (électroencéphalogramme à l’appui). Le cinéma devient une arme redoutable de destination marketing. Source : ScienceDirect

  • Eye-tracking (oculométrie en français) sur sites de voyage : nos yeux révèlent nos préférences avant même qu’on les formule. Source : Taylor & Francis Online

  • Neuro-tourisme : mesure en temps réel des émotions pour créer des expériences sur mesure, du choix de la destination jusqu’au séjour.

  • TADMF (Tourism Adaptable Digital Marketing Framework, 2025) : un modèle Attraction → Engagement → Conversion intégrant data + neuromarketing, pensé pour booster les hôtels (conversion) et les destinations (notoriété).

Pour les hôtels : focus sur la conversion (tarification dynamique, recommandations personnalisées, retargeting).

Pour les destinations
: priorité à la notoriété (storytelling, contenus voyageurs, expériences immersives).Source : MDPI

Ce que votre cerveau recherche vraiment

  • Plus que la destination : la promesse de transformation (repos, aventure, renouveau).

  • Plus que le prix : la preuve sociale (photos, avis, reconnaissance).

  • Plus que la logique : une identité (“voyageur” vs “touriste”).

  • Plus que la patience : la dopamine immédiate (promo, rareté).

Les coulisses éthiques

Le neuromarketing, c’est puissant. Trop puissant ?

  • Manipulation ? Jusqu’où aller sans tromper le voyageur ?

  • Authenticité ? Trop promettre, c’est risquer un retour de bâton (avis négatifs, bouche à oreille destructeur).

  • Durabilité ? Attention à ne pas alimenter le sur-tourisme par des déclencheurs trop efficaces.

  • Surcharge cognitive ? Trop de stimuli = paralysie → parfois, on finit par ne rien réserver.

Comment résister (un peu) ? 💪

  • Attendre 24h avant de réserver → laisser le rationnel rattraper l’émotion.

  • Vérifier des sources indépendantes → photos réelles, avis non sponsorisés.

  • Définir vos valeurs de voyage → savoir ce que vous cherchez vraiment.

  • Repérer les leviers classiques (FOMO, rareté, urgence) pour les désamorcer.

Conclusion

Nos décisions de voyage ne sont pas que des calculs de budget ou de distance.

Elles naissent d’émotions, d’images, de récits… souvent bien avant que la logique n’entre en jeu.

Voyager, c’est magnifique. Mais comprendre ce qui nous pousse à le faire, c’est aussi reprendre un peu le pouvoir sur nos choix.

Alors la prochaine fois qu’une affiche de destination paradisiaque vous donne des frissons… souvenez-vous : votre cerveau a peut-être déjà fait vos valises. 😉

👉 Et si on faisait voyager vos textes autant que vos visiteurs ?